marie

Salut

Salut, mon nom est Marie. J’ai bientôt 18 ans et je vis en Alsace, une région située à l’Est de la France, près de l’Allemagne. Mon père est français et ma mère est russe, un mix de cultures qui a beaucoup contribué à ouvrir mon esprit au delà des frontières de mon pays. J’ai également beaucoup voyagé en Russie, aux États Unis, au Canada, en Australie, en Angleterre, en Suède, en Allemagne, en Italie, en Espagne et j’ai eu la chance de visiter les plus grands musées du monde (l’ermitage, le MOMA, le Metropolitan Museum, la National Gallery, Le Louvres).

Sous toutes ses formes, l’art m’a toujours permis, d’exprimer mes sentiments, mes idées, mes craintes, mes passions. Ainsi, j’ai débuté tôt, développant en premier lieu le moyen d’expression le plus répandu : la parole. Pour ce faire, j’ai pris des cours de théâtre et de chant dans une chorale. Cette confrontation avec les autres m’a rendue plus apte à aller vers eux. La danse classique, suivie par le hip hop (avec un professeur sourd-muet), la danse contemporaine, et enfin le modern jazz, m’ont fait découvrir mon corps, comme un moyen de communiquer avec autrui. Durant quatre années, j’ai également formé mon oreille au son du piano et ne me suis jamais lassée des classiques de Vivaldi, me berçant inlassablement au fil des saisons, ou de Tchaïkovski dont les compositions font écho à mes origines russes. Je me suis ensuite trouvé une passion dans la littérature. J’aime créer de longues phrases aux tournures rocambolesques, j’aime l’esprit des écrivains qui vivent leur métier comme un égaiement plutôt que comme une contrainte. Boris Vian écrivait d’ailleurs « Je me demande si je ne suis pas en train de jouer avec les mots. Et si les mots étaient faits pour ça ? ».

Aujourd’hui, je souhaite explorer de nouvelles possibilités d’exprimer toutes les idées qui me viennent à l’esprit. Cela fait quelques temps que le crayon m’est tombé entre les doigts. Depuis, je ne le quitte plus. J’ai donc décidé d’entrer dans une école d’arts appliqués appelée Le Corbusier pour devenir designer graphique, un métier dans lequel on cherche à rendre une information attirante en travaillant sur son aspect esthétique. Cela passe par le collage, l’infographie, le dessin, la peinture, bref tous les moyens sont bons pour traduire une idée en réalité graphique.

Aujourd’hui, plus que jamais, je pense qu’il est important de dire ce que l’on pense. Je pense que vous avez tous entendu parler des horreurs qui sont arrivées à mon pays cette année… Les attentats de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 ne visaient pas seulement à tuer des personnes, les terroristes ont avant tout attaqué notre liberté d’expression, notre droit de parler et de rire de tout. J’ai été profondément dégoûtée qu’une chose pareille puisse se produire dans le pays des Droits de l’Homme et des libertés. “Liberté, Egalité, Fraternité”, en quelques instants cette devise a été balayée par des fous tellement fermés d’esprit qu’ils n’ont pas pris la peine de lire le Coran dans lequel il est écrit que lorsqu’un homme en tue un autre, c’est toute l’humanité qu’il tue. Mais dans toute cette horreur j’ai également vu de très belles choses : j’ai vu mon pays, mes compatriotes marcher ensemble dans la rue, j’ai vu des personnes âgées pleurer avec des enfants, des noirs donner la main à des blancs, des hétérosexuels soutenir des gays. J’ai vu une nation unie. J’ai vu également des centaines d’artistes créer des œuvres de soutien pour Charlie Hebdo et crier haut et fort leur amour pour la liberté d’expression. Cette épreuve nous a rendu plus forts et m’a poussée à m’impliquer plus encore dans l’art et tous les autres moyens d’expression. Aujourd’hui en France, l’art n’est plus un passe temps, il est une arme contre les attaques des terroristes. Ce week-end nous avons encore une fois été attaqués, plus violemment que jamais. Des centaines d’innocents ont été tués dans la rue, au théâtre et pendant le match de football de notre équipe nationale. Une amie à moi qui fait ses études à Paris à vu les corps dans la rue. Dans quelle monde voit on de telles horreurs à seulement 18 ans ? J’ai pleuré pour ces innocents mais maintenant je veux agir. Je vais utiliser mon art pour dire ce que je pense, je vais montrer à mon pays que je l’aime et je n’accepterai pas d’avoir peur de dire ce que je trouve important. Je soutiens donc les artistes car ils rendent le monde plus beau à travers leurs œuvres, ils consolent les personnes blessées et unissent des pays.

Continuez à créer de belles choses car elles aideront à créer un monde meilleur plein de joie et de tolérance :)

Je remercie également le soutien de tous les autres pays qui on fait preuve de beaucoup de compassion, nous sommes tous très touchés.

Marie


English translation:
Hi! My name is Marie. I’m almost 18 and I live in Alsace, an area located in East France, near Germany. My father is French and my mother is Russian, a mix of culture that has helped me open my mind beyond my country’s borders. I’ve also travelled a lot, in Russia, in the USA, in Canada, in Australia, in Great Britain, in Sweden, in Germany, in Italy, in Spain. I’ve had the chance to visit the greatest museums in the world (Hermitage, MOMA, Metropolitan Museum, National Gallery, Le Louvres).

In every way, art always made it possible for me to express my feelings, my ideas, my fears, my passions. I started early, developing the most common form of expression: speech. In order to do this, I started to take acting and singing lessons in a choir. This confrontation with strangers made me more able to reach out to others. Ballet, then Hip Hop (with a mute and deaf teacher), contemporary dance, and finally modern jazz, helped me discover my body as a way to communicate with people. Over four years, I’ve also trained my ears to the sound of the piano and never wearied of Vivaldi’s and also Tchaikovsky’s classics, whose compositions remind me of my Russian origins. Later, I got into a new passion : literature. I love creating long sentences with incredible turns of phrases, I love writers’ spirits – living their work more as an amusement than a constraint. Boris Vian wrote “I’m wondering if I’m playing with words. What if words were made for this ?”.

I want to explore new possibilities of expressing all the ideas that come to my mind. It’s been a while since I discovered the possibilities of drawing. As a result, I’ve decided to join an applied art school called Le Corbusier, to become a graphic designer, a career in which one is trying to make an information appealing by working on its aesthetic aspect. I’m one who can use collage, infographics, drawing, painting, in short, all means are good to translate an idea into a graphic reality.

Today, I think that it is important to say what you think. I’m sure you heard about all the horrors that happened to my country this year… the Charlie Hebdo shooting on the 7th of January didn’t only aim to kill people, it was our freedom of speech that was attacked, our right to talk and laugh about anything. I was deeply disgusted that such an awful thing could happen in the country of Human Rights and Freedom. “Freedom, Equality, Fraternity”, in a few moments, this motto was wiped out by some fools, so close-minded that they didn’t even take the time to read the Coran, in which it is written that if a man kills another, he kill the whole humanity. But in all this dread I’ve also seen beautiful and moving things : I’ve seen my country, my compatriots, walking together in the streets, I’ve seen old people crying with children, black people giving their hands to white people, heterosexuals supporting gays. I’ve seen a united nation. Moreover, I’ve seen hundreds of artists creating works for Charlie Hebdo and shouting loudly their love for freedom of speech. This grief made us stronger and pushed me to get more involved with art and all the other means of expression. Today in France, art isn’t a hobby, it is a weapon against terrorist attacks. This weekend, we’ve been attacked again, more violently than ever. Hundreds of innocent people were killed in the streets, in a theatre and during our national soccer team’s match. A friend of mine, who is studying in Paris saw bodies in the streets. In what world does somebody see this kind of horrors at only 18? I cried for these innocent people but now I want to act. I will use my art to say what I think, show my country that I love it and not be afraid of saying what I think is important. I support the artists because they beautify the world through their work, they comfort injured people and unify countries.

Continue to create beautiful things because they’ll help creating a better world full of joy and tolerance :)

I also would like to thank all the countries that have supported us, you have shown us compassion and so we are very moved and grateful.

–Marie

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One Response

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  1. Gauthier
    Nov 17, 2015 - 06:24 PM

    Salut,

    Je suis d’accord avec toi sur le fait que l’art est une arme contre le terrorisme, et j’espère que tu trouveras l’inspiration pour faire ta propre création en utilisant l’art, si cela n’est pas déjà le cas.

    Par ailleurs, j’aimerais me lancer dans une filière dans les arts appliqués, et je voudrais donc savoir si il a été difficile pour toi d’entrer au Corbusier.

    Bonne journée à toi.

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